lundi 7 mai 2007

Mon histoire avec le consulat du Maroc à Lille ...

Ce genre de choses n'arrive pas qu'aux autres ...

Le 06 mars dernier, je me suis présenté au Consulat du Maroc à Lille pour enregistrer ma fille, née trois mois auparavant. Le bébé porte le prénom : Numidia Tin-Ass. Deux inoffensifs prénoms amazighes déjà enregistrés sur le livret de famille à la Mairie de Roubaix (Département Nord/59).

Dès que l’officier de l’Etat civil découvre le prénom, Il tend sa main machinalement au tiroir pour y sortir un tas de feuilles désordonnées et usées. Il me dit : «Je vais voir si le prénom existe sur la liste !». Il commença alors à chercher. La loi des prénoms mise en place par le gouvernement marocain, rappelle-t-on, est toujours d’usage. Celle-ci interdit aux citoyens de donner des prénoms non arabes et non islamiques à leurs enfants.

L’interdiction des prénoms amazighes semble être le but de cette loi qui vient du passé à l’instar de ceux qui l’ont voté et ceux qui l’appliquent aujourd’hui.

Après une recherche minutieuse, l’officier m’expliqua que le deuxième prénom n’existe pas sur sa liste. Il est tout simplement interdit. Il me propose de n’enregistrer que le premier. Ce que je refuse. Il m’a alors conseillé de sortir et d’attendre dans la salle. Il me rappelle Vingt minutes après. Il était là avec un autre «fonctionnaire» du consulat. Ils m’ont «expliqué» froidement qu’ils ne peuvent pas enregistrer «Tin-Ass» sur le livret de famille. «Numidia », toutefois, ne pose pas de problème. Pourquoi ? Eux même ne le savent pas. Ils «exécutent les ordres», m’ont-ils répondu.

Les deux fonctionnaires m'ont «expliqué» par la suite qu’ils doivent envoyer ma demande au Ministère de l’intérieur à Rabat pour qu’une commission décide du sort qui sera donné à ce prénom ...

Deux mois après (le 02 mars à 10h20), je me présente au consulat du Maroc, rue Borgogne à Lille. L’officier de l’état civil avait le visage crispé dès qu'il m'avait vu entrer dans son bureau. Il m’expliqua, froidement, sans détacher son regard des feuilles comportant les prénoms autorisés, toujours désordonnées, qu’ils attendent toujours la réponse de Rabat. Une réponse qui peut prendre des mois. La commission doit se réunir pour «décider», me dit-il. Il me produit, à ma grande surprise, une lettre de la commission relative à deux prénoms, à savoir «Tara» et «Lydia». Les familles de ces enfants ont attendu sept mois (de septembre 2006 à mars 2007). Je ne sais pas toutefois si la commission avait autorisé ces prénoms ou pas. Tout ça pour un prénom que des dizaines d’enfants portent déjà dans différentes villes de Tamazgha occidentale. Sept mois d’attente. Quelle absurdité !

L’officier enchaîne : « Tu peux aussi m’apporter l’acte de naissance d’un enfant ayant déjà ce prénom, alors je l’enregistre sans hésiter». Quel mépris !

La réaction de l’officier de l’état civil ne m’a pas impressionné de tout. Je suis conscient du racisme et du mépris par lequel l’Etat marocain traite les Imazighen. Je m’attendais à ce que ce prénom soit interdit. Je savais que le fait de donner un prénom amazigh à son enfant relève du parcours du combattant.

Cette interdiction stupide confirme toutes mes thèses et toutes mes craintes. Rien n’a changé au Maroc contrairement à ce que beaucoup d’autres essayent de nous faire avaler à force de publicités mensongères et de discours en langue de bois.

Les berbères sont toujours colonisés et considérés comme des sous-humains sur leur propre terre. Ils n’ont même pas le droit d’être eux même et d’appeler leurs enfants comme ils veulent ...

A suivre ...

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